22 décembre 2014

Rävlanda, 2 minutes d'arrêt !


... Rävlanda est une petite bourgade paisible du comté de Västergötland. Rattachée à la commune de Härryda (Harrida kummun), elle compte en tout et pour tout 1462 habitants (Merci Wikipedia), et probablement 100 fois ce nombre en moutons, vaches z'et cochons. Une école primaire (grundskola), une église (kyrka), une épicerie (konsum), une gare (järnvägsstation) des fermes (gårdar) et de jolies petites bicoques en bois (trähus), et c'est tout liksom.
Åh, bien sûr, le cadre serait incomplet si j'oubliais de nommer la scierie-menuiserie (snickeri) de ce petit patelin parmi tant d'autres dans l'arrière-pays de la mère patrie d'IKEA, recouverte à 60% de forêts...

Pourquoi je vous parle de ca vous me demandez ? Hé bien déjà parce que c'est mon site, donc je vous parle de ce dont j'ai envie. Mais surtout parce que c'est justement là, bien loin de l'ambiance urbaine qui anime la ville de Göteborg, dans les granges plusieurs fois centenaires (À priori deux) à présent reconverties en scierie où l'odeur de sciure se mêle à celle du vieux bois de la charpente en une formule inédite, que le destin m'a conduit la semaine dernière. Ou plutôt parce qu'une mission d'intérim-étudiant m'a contraint à m'y rendre. 
Bröderna Nordlings Sågverk AB
(Scierie des frères Nordling)
Ainsi, après l'élevage de mouton et la réception d'hôtel-multifonction, j'ai pu toucher à une nouvelle profession totalement inconnue auparavant. Bon, si j'étais catho, je trouverais que le travail du bois a quelque chose de divin, surtout avec cette période des fêtes de Noël qui arrive. Après tout, Jésus lui-même était charpentier à temps partiel (Sa profession de messie ne lui laissait certes guère beaucoup de temps libre)... Mais enfin, il ne faut rien exagérer non plus, même si bien sûr, je suis d'accord pour dire que le travail du bois a bien quelque chose de noble. Dans mon cas, il s'agissait d'aider à la confection d'étranges assemblements de bois, destinés semble-t-il à l'usinage de véhicules de la fameuse (Et dernière survivante) marque de voiture suédoise Volvo.
Bref, déconnexion de toute civilisation moderne, travail relativement amusant et pauses-fika inclues, sans oublier un parler suédois rural parfois très déconcertant mais surtout franchement désopilant ! C'était "Vis ma vie de menuisier suédois pendant une semaine", toute une expérience. On en oublirait presque que ce travail m'a obligé à me lever à 4h du matin tous les jours pour m'y rendre en 2h de bus...

Enfin, maintenant que Noël se rapproche à grand pas, vient pour moi le temps de vous souhaiter un peu en avance un très joyeux Noël et de très bonne fêtes. Profitez-en bien pour passer un bon moment avec votre famille, vos amis et tous vos proches ! 
De nombreux articles sont prévus très prochainement, mais que voulez-vous, être rattrapé par les événements devient une habitude ces derniers temps. J'espère donc bientôt pouvoir vous raconter comment j'ai miraculeusement pu me rendre en France depuis la Suède pour célébrer Noël avec mes proches, malheureusement, le scénario est toujours en écriture, et semble plutôt se rapprocher de la fiction, à seulement 48h du réveillon de Noël ! Auquel cas, je pourrai vous parler de mon tout premier Noël suédois. Voyez ? Les inattendus, c'est imparable comme méthode pour s'assurer que ce Noël sera spécial !

En attendant, je vous souhaite un God jul à toutes et à tous ! :-) Vi ses!

/Nicolas
16 novembre 2014

10 Phrases suédoises décryptées !

Hej!


Ah ce doux moment où on se rend compte qu'une phrase à la signification en apparence anodine cache en fait un sens secondaire. C'est ce que l'on appelle les codes sociaux, une convention faite entre des gens appartenant au même groupe social, à la même culture, au même pays... En général, c'est au cours de l'enfance que l'on intègre la majorité de ces codes. Par exemple, on notera que dire "Vous voulez que je vous aide ?" d'un air soupçonneux ne sera pas interprêté par un français lambda comme étant une véritable proposition d'aide, mais bien comme une sommation d'expliquer sa présence dans un lieu interdit au public, par exemple... 'Voyez où j'veux en v'nir ? Bien, alors voilà, pour vous qui avez fait le choix de partir pour la Suède, ou qui projetez de le faire, 10 phrases suédoises à savoir bien interprêter ! :)

Liseberg en novembre 2014 - crédits : Nicolas Martinez


1."Var det bra så?" (C'est bon comme ça ?)
 Ah, ça c'est la phrase typique que tous les caissier(e)s suédois répètent en boucle à chaque client. Elle suit le très banal "Hej" (Bonjour), une fois que tous les articles ont été scannés et précède l'annonce du montant à payer. En fait, elle peut tout simplement se traduire par : "C'est bon, vous avez tout ce qu'il vous faut, on peut passer au payement ?", mais c'est bien connu, le Scandinave est un être très taciturne.

2."Kvitto?" (Ticket?)
...Oui c'est ça, vous avez compris ! Cette phrase-mot suit le payement des articles de la phrase précédente. Elle se traduirait à peut près par "Voulez-vous le ticket de caisse?" mais ça, c'est bien trop long... La rumeur court que les suédois sont soumis à une taxe par mot prononcé. Dur ! :-/

3."Tack tack!" (Merci merci !)
Conclusion du passage en caisse, en retour à votre Tack, son équivalent français serait probablement "Merci de même, au revoir et bonne soirée à vous !". Oui oui, tack tack remplace vraiment tout tout ça ça Enfin, une fois ou deux, un caissier m'a souhaité une trevlig kväll (bonne soirée). Je peux vous dire que j'en suis resté coi !


4."Vad bra svenska du pratar!" (Qu'est-ce que tu parles bien le suédois !)
Bon, soyons clair ; dans la grande majorité des cas, c'est bien un compliment à prendre au premier degré. En particulier s'il est exprimé par un(e) ami(e), quelqu'un avec qui vous discutez de choses et d'autres et à qui vous avez déjà clairement établi votre nationalité (Française ou autre). Ce dernier point est important, car si vous n'avez pas clairement fait savoir à la personne qui s'adresse à vous que vous n'êtes pas suédois, et ce, même si c'est une évidence de par votre accent étranger, il y a des chances que la personne en question soit en train de souligner le fait... qu'elle a bien remarqué que vous n'étiez pas suédois. Dans mon cas quand ça arrive, on le prend général avec le sourire. Dans le cas du chauffeur de taxi originaire du Pakistan mais vivant en Suède depuis l'âge de 4 ans, par contre, c'est bien plus offensant...

5."Hur länge har du bott i Sverige?" (Combien de temps as-tu passé en Suède ?)
Bon là aussi, tout dépend du contexte, mais dans la plupart des cas, il faut prendre la question au premier degré. Elle suit souvent le compliment qu'on vient de voir. Auquel cas, il vise bien souvent à accentuer le compliment, et une réponse du style "2 ans" (mon cas) semble largement les satisfaire. Bon par contre, si c'est en réaction à votre réponse précédente, qui ressemblait à quelque chose du genre "Jag kunna prata svenska språken inte mickey" (Jé pas parler lé souédoise trop), je vous laisse déduire ce que votre interlocuteur tente de faire passer comme message... ;-)

6. "Åh vad mysigt!" (Oh, qu'est-ce que c'est confortable !)
C'est l'expression suédoise la plus répandue, juste après Hej et En kaffe o kanelbulle, tack ("Une formule café et kanelbulle, s'il vous plait"). Le meilleur équivalent de mysigt est anglais : "cosy". La différence étant que mysigt peut qualifier absolument n'importe quoi de positif ou presque : Une bougie, une soirée cinéma, une pluie légère, un chat qui dors sur un lit, un rosbif cuit à point, les tasses de thé de mère-grand... En bref, si vous ne voulez pas vous tromper, je vous conseille de tout qualifier de mysigt, c'est plus simple !

7. "Nja, kanske." (Mouais, peut-être.)
...= NON/Hors de question/Dans tes rêves !  
Comme ça, c'est clair, finalement. Une fois qu'on a compris le véritable sens du peut-être suédois...

8. "Det är lugnt/Ingen fara!" (Pas de problème!)
Vous répond la jeune femme auprès de qui vous vous excusez briêvement après l'avoir bousculée en sortant du bus, ou tout autre personne que vous avez gêné d'une quelconque manière... Alors qu'en fait, si.

9."Det är så osvenskt!" (C'est tellement non-suédois !)
Ah, celle-là est également devenue une klassiker ici. Il est en effet devenu typiquement suédois de souhaiter se démarquer de ce qui est... typiquement suédois. Vous me suivez ? Quand on appelle quelque chose (un aliment, une attitude, des vêtements...) osvenskt, il faut le prendre comme un compliment.  La chose que la société suédoise accepte très mal par contre, c'est les étrangers "osvenska". C'est-à-dire, qui ne suivent pas les codes sociétaux suédois. Si vous êtes suédois, on attend de vous que vous sortiez du rang, si vous êtes étranger, que vous y rentriez le plus possible. Paradoxal, non ?

10. "..."
Ah, le meilleur pour la fin : Le bon vieux silence scandinave ! Et oui, parce que toutes les choses ne sont pas bonnes à dire et sûrement aussi à cause de la fameuse taxe, bien des choses sont gardées sous silence ici. En particuliers, les actes ne suivant pas les fameux codes suédois. Avisez-vous par exemple de ne pas aligner correctements vos articles avec le codes bien visible pour faciliter le travail du caissier(e) à la caisse de chez Ica, et vous vous attirerez bien pire que des reproches : Le silence froid + le regard plein de reproche de la part de la caissières ainsi que des autres clients assistant à la scène. Ce même regard reviendra dès que vous fauterez à nouveau, en laissant votre journal sur le siège du bus, en vous asseyant à côté d'une autre personne dans un bus alors qu'il est quasiment vide, en "grugeant légèrement" dans une file d'attente... 


Caisse de magasin : Suède versus France - crédits : combattrelacrise.fr et gunilla.allas.se

Voilà, j'espère que cela vous aura au moins permis d'en apprendre un peu plus sur la manière si spéciale de communiquer en Suède ! 

À la revoyure !

/Nicolas
11 novembre 2014

2e mois à Göteborg : Le bilan !

Ah, Göteborg !
Ça, c'est une ville comme on en fait plus ! Mais euh... est-ce qu'on devrait ?

Göteborg, un jour ensoleillé de septembre - crédits Nicolas Martinez
Voilà maintenant 2 mois je vis à Göteborg ! Que le temps passe vite ! Enfin, oui et non, car cela semble à présent faire une petite éternité que j’ai quitté l’Islande. Et si, mon séjour sur l’île de feu et de glace aura été pour moi un vrai concentré d’expériences nouvelles et enrichissantes (Surtout moralement s’entend !), comme une vie entière en condensé, mon retour à la vie « réelle mais pas trop» aura été bien difficile. Un peu comme Neo, quand il est déconnecté de la matrice, je me suis retrouvé complètement démunis de tout, dans un endroit étrange et étranger. Alors que je déconseillerais à mon pire ennemi de partir pour un pays étranger sans aucune ressource (Enfin, faut voir !), me voilà contraint à y vivre, sans plus aucune valise, sans argent...
Ambiance ! Heureusement, l’ambassade compatissante devant l’ampleur de mon désarroi, a bien consenti à me fournir un passeport d’urgence. En échange d’argent. Imaginez un peu que je me sois en plus retrouvé apatride ! Alors, on dit merci l’ambassade ! Merci aussi la police suédoise, qui après m’avoir assuré qu’il serait en tout cas facile de retrouver le(s) voleur(s) de mes bagages en plein milieu de la gare routière ultra-surveillée de Göteborg, en particulier grâce aux nombreuses caméras de sécurité sur les lieux, se sont aperçus après une enquête que j’imagine forte en rebondissements, que lesdites caméras n’étaient allumées que… la nuit ( !!!!!!!!!), autorisant le crime dans les lieux aux horaires d’ouverture seulement. Je suis convaincu que les voleurs de mes bagages étaient déjà au courant, EUX…
Mais quand tout est perdu, reste la chance de pouvoir tout reprendre à zéro, réussir à partir de rien et devenir moi aussi un self-made-man ! «Henry Ford, l’a fait, alors pourquoi pas moi» ?
Ah, si c’était si simple ! Car oui, c’est sans compter sur le fait que Göteborg a ce point commun avec  la France qu’il n’y a absolument pas moyen (ou presque) de trouver un travail digne de ce nom en ce moment… Si l’on maîtrise le suédois couramment. Si ce n’est pas votre cas, un conseil, ne tentez même pas le coup, il n’y a aucune chance que cela marche pour vous. Ou presque, car oui, après plus de 100 CV et lettres de motivations distribués tous azimuts, mon effort a quand même fini par payer et j’ai été engagé comme extra-barman dans un pub du centre de Göteborg. J’insiste sur le terme extra, parce qu’il sous-entend qu’on a besoin de moi tous les 36 du mois.
Enfin, heureusement, pour arrondir les 35 premiers jours du mois, je donne également des cours particuliers de français ! Et ça, cocorico, ça a plutôt pas mal de succès ici ! Ce qui en a moins, par contre, c’est le moment où je me dois de confirmer que… les cours… seront… payants !
Ah ! L’idée que je puisse faire un profit purement capitaliste de mon labeur, semble étonner certains socialos de suédois, alors même qu’il semble que beaucoup d’entre eux doivent être addicts aux jeux de hasard en ligne, à en croire 90% des publicités à la télé/radio et dans les journaux portant sur des casinos en lignes et autres paris sportifs.
Enfin, comme d'habitude, je m’égare !

Pour conclure, je dirais tout simplement que ma situation actuelle est une preuve de plus s'il en faut que partir vivre dans un pays étranger quel qu'il soit requiert non seulement une bonne préparation préalable, mais également des moyens matériaux et financiers (Ah bon ??!!!!). De mon côté, j'ai appris que laisser ses valises même un instant sans surveillance pouvait dans ce genre de situation avoir de sérieuses répercutions et tout compromettre. Et je me dis aussi que le fait d'avoir manqué mon vol de retour de Reykjavík aurait dû me mettre sur la piste : Cette journée allait de toute façon être une journée d'incroyable poisse !

Quand à mon avenir proche à Göteborg, il semble très sérieusement compromis, mais un miracle est si vite arrivé ! Les Nornorna vikings veillent aux grains !

Takk og blessið!


/Nicolas
3 novembre 2014

Du côté de Snæfellsjökull

Hæ þú, hæ þú og hæ þú lika! (Salut à toi, à toi et puis à toi aussi !)
Hvernig líður þér? (Comment allez-vous ?)

Saperlotte, que le temps passe vite ici haut ! À peine le temps de dire Eyjafjallajökull à l'envers une centaine fois, tout en traversant le lac Mývatn à la nage avec les poings liés que voilà déjà un mois... trois mois... quatre mois  passés depuis mon périple dans la péninsule de Snæfellsnes.

Déjà depuis l'hôtel Hafnafjall de Borgarnes, au creux du petit massif éponyme, à 70 km au nord de la "métropole" de Reykjavik, j'avais projeté et même commencé à narrer pour vous mon excursion de juin dernier dans cette région d'Islande, magnifique entre toutes , et puis... Paf, voilà à présent que la fête d'Halloween s'approche à grands pas !... Ah ben non, elle est passée !


Le glacier Snæfellsjökull - crédits Nicolas Martinez (juin 2014)
Récit-photos plus bas ! 
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Le Snæfellsnes, petit bras de terre de l'ouest de l'île (Vesturlandi), à environ 150 km au nord de Reykjavík, est bien plus qu'une petite chaîne de montagnes parmi tant d'autres en Islande... Car si les autres sommets islandais se situent essentiellement autour du rift de séparation entre le continent américain et le continent européen, qui travers l'île de part en part, ce massif volcanique, le Snæfellsnes, lui, est bien à l'écart et est un supercondensé de l'histoire de l'île. Les plus anciens volcans de la péninsule, dont les éruptions ont très largement contribué à modeler le relief de la région, étaient actifs il y a plus de 15 millions d'années. En effet, à cette époque, le Snæfellsnes était LA zone d'activité de l'île, le rift de séparation continentale se trouvant alors juste en dessous de la zone. Après quelques millions d'années cependant, l'activité a cessé, pour reprendre bien plus récemment, il y a quelques centaines de milliers d'années. Sachant que la dernière éruption date d'environ 200 avant JC. Depuis, une grande partie des volcans qui le composent sont en sommeil mais ne sont pas vraiment éteints ! BOUM !

Volcan, volcan... En parlant de volcan, c'est en particulier l'un d'entre eux, et non des moindres, qui m'a attiré, comme des milliers de randonneurs avant moi : Le Snæfellsjökull (Snæ-fells-jökull : autrement dit le "glacier (jökull) des montagnes (fell) enneigées (snæ)", autrement dit, arrêtez de nous prendre le chou avec le glacier de la montagne-île - Eyjafjallajökull, ca n'a vraiment rien d'un nom sans queue ni tête !...).

Voyage au centre de la Terre (2008)
Quoi ??! Ce nom ne vous dit rien ? Pourtant, jusqu'à 2010 et l'épisode sur-médiatisé de l'éruption du fameux volcan au nom "imprononcable" (Surtout quand on essaye pas trop de comprendre comment ca peut se prononcer à vrai dire), il est resté le sommet le plus célèbre d'Islande (Avec le mont Hekla) ! Et ce, depuis la parution en 1864 d'un grand classique du roman fantastique, qui est l'oeuvre de nul autre que... le meilleur romancier fantistique que la France ai jamais porté, Jules Verne... Vous ne voyez toujours pas ? Et si je vous dis que ce superbe roman n'a pour l'instant eu droit qu'à des adaptations cinématographiques pitoyables, la dernière en date défiant toutes mesures, prouvant par là que la "3D" ne fait pas tout... Et aussi qu'apparemment, il est possible de faire jouer le rôle d'une islandaise nommée Hannah ÁSGEIRSSON ("Fils d'Ásgeir", en Islande, le patronyme de tout Islandais est obtenu en ajoutant -sson (fils de) ou -sdóttir (fille de) à la fin du prénom d'un de ses parents, en général du père) à l'actrice ISLANDAISE Anita Briem, sans que cette dernière ne fasse la moindre réflexion... OUI, c'est ca, Voyage au centre de la Terre donc, un des livres qui je l'espère, ont également bercé votre enfance. 
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Auto-stop en Islande - crédits Nicolas Martinez

Enfin, bref, retournons à nos moutons ! 
En juillet, j'ai décidé de passer un week-end totalement improvisé dans cette région... Je m'y suis rendu à l'aide d'un des moyens de transports les plus pratiques quand on ne possède ni voiture ni cheval, en Islande : l'auto-stop ! Enfin, l'été, à priori, surtout en ce qui concerne la région du sud-ouest de l'île, relativement peu fréquentée. Durant tout mon séjour en Islande, j'ai bien souvent favorisé ce moyen pour me rendre à divers endroits de l'îles, parce qu'en plus d'être très "pratique" lors de petites escapades sur l'île (pas d'horaires, pas de contraintes...), il permet de rencontrer des autochtones, toujours très heureux de discuter avec vous. C'est d'ailleurs dans des voitures filant à travers la nature islandaise extraordinaire, en compagnie d'inconnus de tous les coins du pays, que j'ai eu nombre de discussions passionnantes et enrichissantes, et je leur en suis très reconnaissant !
Ma destination initiale était Ólafsvík, au nord de la péninsule et d'où je pensais faire l'ascention du glacier, puis rejoindre la côte au sud. Aléas de l'auto-stop obligent, j'ai finalement opté pour une première étape au petit village de Grundarfjörður, 872 habitants, à 25 km à l'est d'Ólafsvík, qui s'est révélé être l'un des temps fort de mon petit périple, et aussi de mon séjour entier en Islande ! Ce petit village de pêcheurs, où se sont autrefois établis des pêcheurs français, très nombreux à pêcher au large de l'Islande au XIXe siècle (Et très très nombreux à y périr aussi, le climat chaotique imprévisible ayant causé bien des nauffrages de bâteaux français !), est jumelé avec la ville bretonne de Paimpol, d'où étaient originaires de nombreux pêcheurs. Encerclé par un massif de montagnes, le village est dominé par Kirkjufjell, une montagne pointue, à l'écart du reste des montagnes, ce qui la rend visuellement très spéciale, qu'est-ce que vous en dite ?! :-)
Kirkjufjell, depuis Grundarfjörður - crédits Nicolas Martinez

Très joli, certes, mais très isolé aussi ! Mais c'est sans compter avec l'aide précieuse de la gentille gérante de la guest house(The Old Post Office), où je passe la nuit, avec qui je sympathise et qui me propose de demander à sa fille, guide dans les grottes de l’ouest de Snaefellsnes de me déposer le lendemain à Ólafsvík, qui se trouve sur sa route. Bref, après une nuit quasi-inexistante essentiellement passée à explorer les alentours magnifiques du village, je pars pour Ólafsvík à 8 heures pétantes !
 
Soleil de minuit magique près de Kirkjufjell - crédits Nicolas Martinez
Ólafsvík, un petit village tranquille, avec son église à l'architecture très inhabituelle, et une cascade puissante qui le surplombe, et est parfois remplacée par de terribles avalanches l'hiver, quand un morceau de l'épais manteaux de neige qui se forme sur le glacier se détâche... 
Après avoir fait le tour des environs et un rapide approvisionnement pour la randonnée que je me prépare à faire, je peux enfin me mettre en route pour Hellnar, à 23 km de là, en passant par le Snæfellsjökull, après avoir vérifié auprès de l'agence de tourisme du village que c'était bien un projet raisonnable et faisable en une journée - C'était bien le cas !


L'église très atypique d'Ólafsvík - crédits Nicolas Martinez


L'intérieur de l'église, au design très futuriste ! - crédits Nicolas Martinez


Cascade de Bæjarfoss - crédits Nicolas Martinez

L'ascension, si elle est assez d'assez fort dénivelé au début, n'est malgré tout pas trop éprouvante, pourvu qu'on soit équipé de bonnes chaussures de marches. Pour les 4x4, qui empruntent parfois la piste, c'est une autre histoire ! Mais l'effort est très vite récompensé par la vue, qui est tout simplement magnifique !


La région est un véritable vivier à volcans ! - crédits Nicolas Martinez


Snæfellsnes est une terre volcanique et le sol est constitué de lave séchée, en gravillon et autre bólstraberg ("lave en coussins") - crédits photo Nicolas Martinez
D'abord, très vert et assez lumineux, je déchante vite lorsque j'atteins les hauteurs du glaciers, où le temps est autrement plus instable, mais non moins impressionnant. Le paysage, lui, passe de "neptunien" à "martien" sans prévenir. Complètement saisissant !


Une fois arrivé dans les hauteurs, la nature se fait hostile - crédits Nicolas Martinez


Le paysage tourmenté des sommets témoigne de la violence des éruptions passées - crédits Nicolas Martinez
Parfois, on tombe sur les fameux tas de pierre, servant à guider les voyageurs, très courants en Scandinavie, en particulier en Islande, où il est facile de se perdre, il faut bien le dire...
Tas de pierre en équilibre -très- instable
- crédits Nicolas Martinez

Enfin, arrivé au glacier de Snæfellsjökull proprement dit, voilà que le paysage se fait polaire. Mais, le mauvais temps étant de la partie, difficile de distinguer le sol du ciel !
Une dameuse sur le Snæfellsjökull - crédits Nicolas Martinez
Enfin, le temps s'empirant, et le froid étant saisissant, je ne m'attarde pas trop, et file plein sud afin de rallier le sud de la presqu'île avant qu'il ne fasse "trop sombre".
Et c'est là, alors que la partie que je redoutais à priori le plus s'était passée sans encombre, qu'une tempête de vent terrible  mêlé de sable volcanique, s'est levée, m'enlevant en un instant toute visibilité et rendant ma progession quasi-impossible. Ayant du même coup perdu mon chemin, je décide alors de faire cap plein sud-est à l'aveugle, traversant des champs volcaniques désolés s'étendant sur des kilomètres et jonchés de vieux 4x4 abandonnés, de débris de tentes... Je peux vous dire que je n'en menais pas large 



Finalement, après un temps qui m'aura semblé interminable, je débouche sur une vallée immense sans la moindre trace de vie humaine. Très vite, je distingue au loin la côte, le plus gros est fait. C'est pile à cet instant de soulagement que Snæfellsjökull choisit pour faire sa toute première apparition, un véritable instant de grâce...
Retour sur "Terre" - crédits Nicolas Martinez


Le Snæfellsjökull, majestueux - crédits Nicolas Martinez
Une fois la côte en vue, une seule idée en tête : filer tout droit jusqu'à la route, qui serpente tout autour de l'île. À cet instant, je pense encore être près du but mais il s'avère que ma mésaventure m'aura conduit quelques 10 km plus à l'est de mon point d'arrivée, le village d'Hellnar, m'obligeant par la même occasion à descendre les hautes falaises à pic qui me séparent de la côte, afin de ne pas perdre trop de temps. 
Pour celà, une technique à retenir peut-être : J'ai suivi des moutons qui faisaient aussi la descente, c'est des pros !


Du haut de cette falaise, un monde nous sépare ! -  crédits Nicolas Martinez
Une fois en bas de la falaise, la route s'avère bien plus longue que prévu, en particulier parce que je commence à fatiguer, et ce soir-là, les trolls et autres elfes qui trainaient par-là ont sans aucun doute pu entendre un bon nombre de propos désespérés sortir de ma bouche, dont la majeure partie devrait être censurée pour rester tout public : "Saperlotte, par Þór et Óðinn !"
En bleu fléché, le trajet prévu, en rouge, ma perdition - crédits Nicolas Martinez



Enfin, finalement, j'arrive vers 22h du soir, exténué, à la guest house du village, in-extremis, n'ayant rien réservé à l'avance (Fortement déconseillé !!!). On m'y apprend que l'Allemagne a été sacrée championne du monde un peu plus tôt dans la soirée. Mais surtout que je suis arrivé trop tard pour demander de la kjóttsúpa (soupe de viande de mouton - miam).


Hellnar, point d'arrivée, enfin ! - crédits Nicolas Martinez

"Épilogue"... Le lendemain, après un petit déjeuner très copieux, je pouvais rentrer pour Borgarnes, pris en auto-stop par de jeunes et sympathiques autochtones artistes, comme il se doit, non sans avoir pris le temps de me balader sur la côte, aussi loin que mes ampoules de la veille pouvaient me porter (= Pas loin !).


La côte, formée de couches épaisses de lave séchée, érodée en "cheminées" caractéristiques (Hellnar) - crédits Nicolas Martinez



Voilà, j'espère que le récit de mon escapade vous a plu et que je vous ai donné envie de visiter, vous aussi, cette formidable région, souvent surnommée la "Petite Islande" tant ses paysages sont variés. 

Takk fyrir mig og bless! :-)


Nicolas.